Catalogue déraisonné mémoire de l’hystérie
Il apparaît, à fréquenter les photographies des femmes enfermées dans le service des hystériques à la Salpêtrière, dirigé par Charcot, que ceux qui les soignent veulent classer ces malades, leurs symptômes, leurs crises, comme on classe des plantes dans un herbier. Le photographe porte sur elles un regard de botaniste découvrant un spécimen, ou d’entomologiste épinglant un papillon dans une boîte. Or le résultat est d’une grande beauté, montrant des femmes extraordinairement vivantes, qui souffrent, qui jouissent, qui connaissent des états limites, qui se complaisent parfois à prendre la pose devant l’objectif. J’ai expérimenté ces photographies, le pinceau à la main, pour leur beauté indéniable, parce qu’elles parlent de la condition humaine, du sort fait aux femmes et à la folie en général, mais aussi parce que j’ai été troublé par une réflexion de Gilles Deleuze imaginant ce que serait une clinique de l’esthétique. Selon lui, il y aurait une hystérie de la peinture, en particulier de l’expressionnisme, où la présence massive des formes, des couleurs, des contrastes, toucherait directement les nerfs.
2008