Carmantrand par Bérezné

FICHIER DATÉ DU 6 AVRIL 2006

Au fur et à mesure qu’il avance dans ses recherches, la peinture recule devant lui, un peu soumise, un peu colère aussi, mais très contente finalement d’être traitée à sa manière. Cela vient sans doute de son excessive politesse, de sa réserve, et de son exigence, qui lui sont comme une nature première. Ainsi j’ai vu, une toile venant après l’autre, la couleur se retirer pour laisser place à de grands entrelacs blancs, à des courants d’air, à des sillons sauvages plutôt qu’à des plages. Et j’ai de mes yeux vu, la couleur traverser ces chemins creux à grande vitesse. L’arrachage, sa toute dernière technique, qui lui demande un vrai effort physique, c’est un peu y aller voir dessous, derrière, de très près. Sous la peau ? Derrière le miroir ? A l’intérieur des plis ? Et de quoi, de qui s’arrache-t-il ? D’ailleurs, s’il s’agit de ça, c’est heureusement ponctué par de grands éclats de rire, des taches qui nous en font voir de toutes les couleurs. Du coup, par contagion,  par mimétisme, la toile se marre, se tient les cotés, le cadre tremble, fait vibrer la surface. Il est évident qu’à lui fait dire Sa Vérité, elle ne le prend pas mal la peinture, elle s’interroge simplement sur son devenir.